sábado, 15 de agosto de 2015

QUEL DÉLICE!

PROVERBES AFRICAINS 
PAR CE CAMEROUNAIS
MAGNIFIQUE



Il est Maître Abatcha dans "Looking for Mr. Castang", la dernière production d’Edouard Baer. Des mots pour rire. L’expression résume le travail du comédien franco-camerounais Saïdou Abatcha qui a fait du proverbe africain matière à rire et à penser. Alors que s’achève la première partie des représentations de Looking for Mr. Castang, la dernière pièce d’Edouard Baer, Maître Abatcha, le sage africain qu’il interprète, s’éclipse pour faire place à Saïdou Abatcha.

Il aime mots. Les bons mots. Les prix Raymond Devos, au festival d’humour de Monnaie, et le prix de la presse au festival de Rochefort (Belgique), décernés en 1998, ont récompensé la qualité des textes et des joutes linguistiques auxquelles Saïdou Abatcha aime à se livrer sur scène. A 43 ans, ce Peul natif du nord du Cameroun est un puits presque intarissable de proverbes africains. C’est de cette science qu’il nourrit le personnage de Maître Abatcha qu’il incarne dans la dernière production d’Edouard Baer, Looking for Mr. Castang. Les nouvelles aventures de Luigi Prizzoti, alias Edouard Baer, à la poursuite de son rêve américain. L’acteur traverse le monde à la recherche d’un mystérieux magnat hollywoodien censé lui offrir le rôle de sa vie. Son chemin croisera celui de Maître Abatcha, philosophe africain qui joue et fait jouer des clichés pour mieux les démonter. « Un personnage inspiré à Edouard Baer, selon Saïdou Abatcha, par son intérêt réel pour le continent africain. »
Entre la scène, plus souvent, et le cinéma - Lili et le Baobab (2005) est son dernier film, le chemin de Saïdou Abatcha croise celui d’Edouard Baer grâce à François Rollin que le comédien franco-camerounais avait rencontré à maintes reprises pendant des festivals d’humour. « J’ai rencontré Edouard, il y a environ trois ans au Grand Mezze ("happening théâtral" monté par François Rollin et Edouard Baer, ndlr), au théâtre du Rond-Point. Le courant est tout de suite bien passé entre nous. On a gardé le contact. Il venait me voir, j’allais le voir. J’ai été touché qu’il me demande d’intégrer sa troupe ».
Une vie de troupe, la parenthèse enchantée de Saïdou
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Saïdou Abatacha ne tarit pas d’éloges pour son metteur en scène. Edouard Baer, saltimbanque traqueur, en rougirait presque. « Il est très humain, très généreux. Une qualité très rare dans notre monde. D’ailleurs un proverbe dit, il ne faut pas être bon deux fois. Tu es bon une fois, c’est bon. Mais quand tu es bon deux fois, tu deviens bonbon et on te suce ». Saïdou vient de glisser son premier proverbe. « Edouard, poursuit-il, a su s’entourer de gens extraordinaires. » Le one man show, exercice habituel de Saïdou Abatcha en pâlirait presque de jalousie. « Ca apporte beaucoup de jouer en troupe. On est un peu moins égoïste que quand on fait un one man show. Cela n’engage souvent que soi-même, surtout quand c’est engagé, qu’il y est question de dénoncer les travers de la politique africaine, comme je le fais. La troupe est une expérience formidable, de surcroît avec un metteur en scène qui laisse toute liberté à ses acteurs. » L’alchimie est visible sur scène. Frais, actuel et interactif, Looking for Mr. Castang est un délicieux divertissement.
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Saïdou Abatcha a pris les habits du comédien comme l’on répond à une vocation. Sans passer par la case formation. A 9 ans, au CM1, il se rappelle encore de ses premières répliques. « Mon premier one man show avait été écrit par mon maître d’école à l’occasion des festivités qui marquaient la fin de l’année scolaire. Des journalistes étaient censés me poser des questions. Il y avait tous les parents, mais je n’avais pas peur, j’étais content. "Monsieur le vantard, qu’est-ce qu’un vantard ? ". " C’est un vent qui vient tard." "Monsieur le vantard, qu’est-ce qu’un chapeau ?". "Un chapeau est un chat logé dans un pot". Ces jeux de mots ont contribué à développer mon amour pour la langue française ». Plus tard, cette affection particulière se transfèrera au pays des Droits de l’Homme, non par obligation mais par désir. « J’étais bon élève et en 4e j’ai obtenu le prix du Premier ministre, c’était Paul Biya qui est devenu plus tard président de la République (il l’est toujours, ndlr). La récompense était un livre sur la Révolution française, la prise de la Bastille. Ce livre m’a beaucoup appris sur l’Histoire de France ».

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