Il approche la soixantaine et, en pérpétuelle effervescence de joyeuseté, ne s´habille que de tuniques africaines aux dessins phosphorescents, les doigts encombrés de bagues, rit bruyament en s´efforçant sans répit d´être différent. Mais au tréfond de lui-même, il manque d´assurance. C´est un timide qui sans cesse se pose un défi.
Elle est vraiment charmante, enjouée, un peu grassouillette tout de même. Ah! Si elle pouvait se convaincre que les mini-jupes, la quarantaine finissante, sont un tantinet gênantes pour les regards amis!...Et ses cheveux? Oui, ils furent opulents, généreux, faisant l´admiration des foules. Mais le temps les a terni; les voici tristes, moins soyeux. Les couper? Mais c´est ce que j´ai de mieux! Non, détrompe-toi, ce que tu as de mieux c´est toi-même, ta gentillesse, ton sourire.
C´est un notable. Du moins il en est convaincu. De blazer, pantalon de lin et cravate-club, malgré la chaleur subtropicale, il marche á petits pas, n´énnonçant que des phrases importantes, truffées de doctes citations. Il aime à se tordre la cheville pour exhiber sa canne á pomeau d´ivoire. Un fin mouchoir reçoit á tout instant les inconvenantes gouttelettes qui persistent á couronner son front dégarni. A cinquante ans, c´est déja un noble vieillard.
Depuis que sa fille a épousé l´héritier d´une puissante famille de polititiens, elle a sombré éperduement dans les élégances, résolument provinciales, avouons-le. Dés le saut du lit, son visage se couvre de crêmes et de fards, ses cheveux en casque se transforment. Va-t-elle chez le traiteur en vogue? Voici apparaitre le t-shirt avec deux grands C croisés et le petit sac qui va avec. Elle a, par alliance, grimpé de dix étages dans la société. Sa fille est-elle heureuse? Nous ne poserons pas la question.
Maigre, édenté et courbé, le bibliophile est un obsédé. Mégot aux lèvres jusqu´á l´aube, toussotant et crachotant, loupe á la main, il feuillète ses incunables, manuscrits, cartes et parchemins. Ses costumes sont élimés et parsemés de taches douteuses, ses chemises mal repassées auraient pu être retraitées depuis nombre d´années...
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